Le 20 avril 1643, alors que Louis
XIII, se sentant faiblir, annonce à ses proches ses
dernières volontés, le jeune duc d’Enghien réunit
l’armée de Picardie. Cela fait déjà huit ans que
Richelieu a convaincu le Roi d’entrer aux côtés des
Suédois et États protestants allemands dans la
guerre de Trente ans. Aucun adversaire n’a encore
réussi à prendre l’ascendant. Le plus proche
adversaire de la France, l’Espagne, se prépare à
profiter des troubles et intrigues qui ne manqueront
pas de survenir dans le cadre de cette régence
annoncée. Le 12 mai, l’avant-garde de Francisco de
Melo se présente sous les murs de Rocroi.
Bataille mythique, Rocroi est
aussi une des plus controversée du XVIIe siècle.
Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, époque à
laquelle le français Henri d’Orléans duc d’Aumale et
l’espagnol Antonio Canovas del Castillo se sont
opposés sur le sujet, il existe deux versions de
l’engagement.
Il y a quelques années, Juan-Luiz
Sanchez-Martin en Espagne, de Bernard Gerrer et
Patrice Petit en France ont publié des documents
jusque là peu exploités, même si ils laissent encore
de nombreuses zones d’ombres sur le déroulement de
la bataille. Entreprise délicate, cette nouvelle
étude s’efforce de restituer la vision la plus
fidèle qui soit de la bataille, tout en réconciliant
l’ensemble des sources disponibles. Mais
rassurons-nous, quelque soit la version, le jeune
duc d’Enghien, le brillant Gassion, le rusé Sirot,
l’expérimenté Issembourg et les redoutables tercios
espagnols en restent les immortels héros.