"Inquiet, Charles
tergiverse. Doit-il temporiser et rie pas s'engager
avant d'être sûr que ces maudits Parisiens ne vont pas
débouler de Longjumeau ou attaquer au plus vite pour
empêcher que l'infanterie et la grosse artillerie
française ne rallient à temps le champ de bataille ?
Guillaume de Contay lui conseille de passer à
l'offensive. Charles le suit et décide de lancer Saint-Pol
à l'assaut des lignes françaises. À midi, l'aile gauche
forte de 5 à 600 lances et 3 à 4 000 archers se met en
branle. Les archers à pied avancent sans grand ordre et
peinent sous une chaleur accablante. Malgré l'ordre
d'effectuer des haltes et que « l'on marcherait à trois
fois (...) pour donner alaine aux gens de pied », les
cavaliers qui les talonnent, notamment des cranequiniers
sous les ordres de Philippe de Berghes, seigneur de
Grimherghcs, les forcent à presser le pas. Derrière un
groupe d'hommes d'armes suit le mouvement « à grand trot
tous en un hot, sans aller en bataille ». Saint-Pol et
la majeure partie de ses lances demeurent à pied à
proximité du charroi. Les archers parviennent exténués
devant la haie et n'osent la franchir. Les quelques
flèches qu'ils décochent poussent Pierre de Brézé et ses
Normands à se retirer vers le « haut de la montagne » et
donnent à croire qu'ils fuient. Les cavaliers
bourguignons, croyant la partie gagnée, se lancent à
leur poursuite, bousculent leurs propres archers et leur
passent sur le corps « sans leur donner le loisir de
tirer ung coup de flèche », rompant eux-mêmes « la fleur
de leur armée »."
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