Le peuple effrayé délègue aussitôt des
émissaires vers les rebelles pour que ces derniers
viennent à leur aide. À l'aube du 18 mai, alors que tout
est encore endormi, les premiers rebelles entrent en
ville ... Comment leur intrusion discrète fut-elle
possible? N'oublions pas que les travaux de démolition
des remparts et le comblement des fossés sont en cours
et qu'il existe par conséquent de multiples brèches que
l'on ne peut surveiller. Aussitôt les conjurés tuent les
sentinelles et se joignent aux Klauwaerts qui les
attendaient. Au cri de ralliement « Scilt en de Vrient »
(voir le paragraphe à ce sujet) les Flamands se jettent
sur les hommes de faction ou ceux qui sont encore
endormis. Dans la pénombre, c'est le massacre! Soldats,
chevaliers français, patriciens, nul n'est épargné. Dans
les habitations comme dans le caniveau des rues, le sang
coule, poisseux et dense. Combien tombent ainsi sous la
violence populaire? Il est très difficile à déterminer
même si l'on pense qu'ils furent près de 200, parmi
lesquels pas mal de chevaliers. Certaines sources
annoncent 1 500 morts et 100 prisonniers du côté
français mais ces chiffres sont probablement exagérés.
Jacques de Châtillon et Pierre Flotte n'ont que le temps
de s'échapper et de rallier Courtrai où ils s'enferment
dans le château.
Ce massacre, connu sous le nom de
Mâtines brugeoises, a laissé des souvenirs dans
l'Histoire autant par son importance que par sa
brutalité. Les contemporains flamands l'ont aussi appelé
« Goeien Vridag» ou « bon vendredi ». Le terme de
Mâtines n'apparaît qu'au XIXe siècle dans le vocabulaire
des historiens.
Ces actes commis, la paix ne peut plus
se faire entre le roi et les sujets de Bruges. Cette
insulte, considérée comme un guet-apens, ne sera jamais
pardonnée et, même en 1305, la ville sera encore châtiée,
comme nous le verrons plus loin.
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