"Dès lors, la défaire des Français à
Brémule s'explique plus aisément. Chargeant
impétueusement, les hommes de Louis VI n'arrivent au
contact de l'infanterie normande qu'après avoir
dispersé la cavalerie adverse. Leur puissance de
choc est donc déjà fortement émoussée et ils ont
perdu une bonne part de leur cohésion. Sans une
utilisation de la charge à la lance couchée, il leur
est dès lors impossible de percer les rangs ennemis.
Perclus au milieu des milites normands, incapables
de s'extraire de la nasse où ils se sont jetés, les
cavaliers français finissent par succomber, victimes
de leur infériorité numérique.
Il peut paraître étonnant de
constater que l'armée française qui comptait des
Normands dans ses rangs soit tombée dans un tel
piège. Guillaume Crespin, par exemple, ne pouvait
ignorer le risque qu'il prenait en chargeant les
rangs serrés de la chevalerie à pied ennemie. Cette
bévue est sans doute une conséquence de l'orgueil
chevaleresque. Brûlant depuis longtemps d'en
découdre avec le duc-roi, ne pouvant concevoir qu'un
piéton l'emporte sur un cavalier lourd, les «
bellatores » du roi de France se sont lancés à
l'assaut dès que possible, comptant sur leur « mâle
ardor » pour bousculer l'ennemi."
|
|
|